Street-art : En France, les rues sont utilisées comme exutoire
Crédit photo : Shutterstock – EQRoy
Avec le Covid-19 et ses variants, les lieux culturels sont toujours fermés. Pour la plupart des artistes et des passionnés d’art, vivre avec cette restriction devient long, trop long. Les artistes se réapproprient l’espace public afin de s’exprimer et d’égayer le quotidien quelque peu morose de la population.
Nantes : les artistes s’emparent des rues
- “N’arrêtez jamais de rêver”, peut-on lire sur un mur dans les rues de Nantes. Représentatif de la persévérance des artistes, le message résonne particulièrement fort en ce moment. Si tous les artistes ont dû dire au revoir pour une durée indéterminée aux galeries d’exposition et musée, leur ténacité est restée de marbre et la rue leur seul exutoire. Des oeuvres comme celle-ci, on en trouve dans tout Nantes avec comme signature #Pourl’amourdel’art. A la tête de l’initiative, c’est un collectif d’une soixante d’artistes qui ont investi les murs de la ville et ce, pour le plus grand plaisir des passants.
La peintre Sol, qui fait partie du collectif, explique à France info : “Depuis un an nos métiers n’ont pas redécollé et du coup, c’est une manière de dire qu’on est toujours présent, qu’on est toujours là même si les lieux culturels sont fermés“. C’est aussi une façon de rester toujours présent pour une population en mal de culture. En déambulant dans les rues, telle une exposition à ciel ouvert, les passants peuvent découvrir plus de 200 collages. S’il suffit de lever la tête pour voir une grande partie de ces oeuvres, d’autres demandent plus d’attention pour les trouver. Toutes sont à retrouver sur le compte Instagram du collectif.
Compte Instagram du collectif : pour_lamour_de_lart_nantes
Reims : le besoin de “découvrir une culture non virtuelle”
- Cette fois-ci, c’est la population rémoise qui est en demande pour (re)découvrir les oeuvres qui embellissent les murs de la ville. Certaines s’y trouvent depuis quelques années. A Reims, le street-art est particulièrement présent dans plusieurs quartiers de la Cité des Sacres.
Passionnée par le sujet, Anne-Marie Bonnouvriée s’est spécialisée pour connaître sur le bout des doigts toutes ces oeuvres. Elle en a fait une de ces principales visites guidées. Depuis la fermeture des lieux culturels, elle s’est rendue compte de la tendance accrue pour l’art urbain. “C’est incroyable ce qui se passe. Il y a vraiment une demande de se retrouver à l’extérieur, de découvrir une culture non virtuelle avec des échanges sociaux“, témoigne-t-elle à FranceInfo.
Crédit photo : AMB Reims
Nice : Des grapheurs sollicités par la Ville de Nice
- Alors qu’il y a encore quelques années la municipalité de la ville avait du mal à accepter graffitis et tags en tout genre, la tendance s’inverse aujourd’hui. Elle a fait appel au “Whole Street” pour habiller les murs de la ville. Aujourd’hui reconnu, ce groupe d’artistes urbains a fait sa place dans Nice.
Des oeuvres fraîchement terminées font déjà parler d’elles. A l’occasion du “Happy Galeries”, trois artistes du groupe Brian Caddy, Otam et César Mali ont été sollicités par la Galerie Lafayette. Sur les arcades à l’entrée du magasin, triomphent des portraits et dessins très colorés qui redonnent le sourire aux passants. Ephémères, ils sont à découvrir jusqu’au 21 mars 2021.
Les artistes urbains ne sont pas à leur premier coup d’essai puisqu’ils ont également animé les travaux de la seconde ligne de Tramway avec les “Tram Session” ou encore, le pôle culturels des arts contemporains (le 109).
Crédit photo : Franck Minieri
Paris : Des artistes inspirés par la crise sanitaire
- Inspirés par la crise sanitaire, certains artistes utilisent la rue pour interpeller les passants sur cette réflexion. De nombreuses installations artistiques ont été placées dans la capitale de France. Le 14 février dernier, les riverains du 19ème arrondissement de Paris ont pu observé une exposition inattendu. Surveillé par un agent de sécurité, une caméra et une barrière, un flacon de vaccin du Covid-19 trônait au milieu du trottoir.
C’est l’oeuvre de l’artiste dénommé “Too Late”. Il explique sa démarche pour un article d’ActuParis : “Peut-être que j’ai voulu accentuer le côté protection/sécurité d’un produit rare comme s’il était exposé dans un musée ? Peut-être que je vois les passants ? Peut-être que le gouvernement vous regarde ?“. A chacun son interprétation…
Dans la même idée, Combo CK avait rendu un bel hommage aux soignants. Sur un mur de Paris, il avait dessiné Wonderman habillée de la tenue d’infirmière et d’un masque. Sur les réseaux sociaux, l’artiste a sobrement commenté “Certains héros portent une cape, d’autres un masque”.